Thursday, July 24, 2008

Le Muppet Show

J'aime bien les Muppets. Ça me rappelle mon enfance. Lorsque j'avais autour de 10 ans, je me souviens d'avoir écouté les reruns de "The Muppet Show" avec ma soeur, et d'en avoir retiré beaucoup de plaisir. J'avais particulièrement aimé l'épisode avec Alice Cooper, celui avec Loretta Switt, celui avec Vincent Price et aussi plusieurs sketchs éparses qui venait de je ne saurais dire quel épisode. Nous aimions tellement cela que ma mère nous avait acheté un livre sur les Muppets, où l'on y racontait aléatoirement plusieurs morceaux d'épisodes de la série. Cela dit, il s'agissait d'une traduction à la française, et je n'ai jamais compris pourquoi on avait baptisé "Crazy Harry" Jean-Daniel en France (d'uh?).

Je sais qu'il y a eu une seconde série du Muppet Show dans les années '90, mais je ne l'ai jamais écoutée. Elle ne me disait rien.

Quand le coffret de la première saison du Muppet Show est sortie, j'ai eu à la fois envie de l'acheter, et j'étais à la fois appréhensive. Je suis méfiante, quand il s'agit de chose que j'aime, ou que j'ai aimé. Je n'aime pas que l'on gâche mon plaisir, et je n'aime pas froisser mes souvenirs. En anglais, il y a un adage qui dit : "It is best to let some things blossom in memory rather than wither in reflections". Il m'est tout de même arrivé plusieurs fois de revoir des films ou des séries que j'aimais petite en tant qu'adulte, et d'avoir été déçue.

J'ai finalement acheté le coffret, et ne l'ai vraiment pas regretté. J'y retrouve mon plaisir enfantin et mon affection pour les personnages que j'ai préférés, mais j'y vois aussi de nouvelles choses avec mes yeux d'adulte, et ça me plaît.

Je l'ai gardé, mon livre. Je le feuillette encore. Il a de l'âge. Les pages tombent, la couverture est déchirée, mais qu'importe. Quand j'écoutais les Muppets et que je reconnaissais des sketchs dépeints dans mon livre, je jubilais comme un enfant : "Oh oui! Je me souviens! C'est l'épisode où il y a un Kermit-Robot!". Cela faisait spéciale de voir s'animer des histoires qui n'étaient plus pour moi que des images dans un livre...

Lorsque j'ai acheté le coffret de la deuxième saison, j'ai été déçue. J'ai eu peur de perdre l'éclat de mes souvenirs. En ce moment même, je peux vous nommer plusieurs épisodes de la première saison que j'écouterais sur le champ. Dans la deuxième, il ne m'en vient qu'un à l'idée, et c'est celui qui a supposément lancé la franchise. L'épisode avec Rudolf Nureyev, le grand danseur de ballet Russe. On s'est étonné que quelqu'un d'aussi reconnu du milieu des arts puisse s'intéresser à une émission de télévision pour les enfants, et c'est là qu'on a compris que "The Muppet Show" était plus que ça. Certes, les enfants aimaient les marionnettes, mais les adultes pouvaient se délecter d'un deuxième niveau. Et après cela, on s'est bousculé pour être invité au Muppet Show.

La troisième saison est sortie en DVD il y a peu de temps. Je l'ai acquise, et je retrouve mon plaisir, et plus, même. Ouf! J'ai déjà hâte à la quatrième!

Autant vous dire qu'il n'y a que cinq saisons. Même s'il aurait pu continuer encore longtemps, Jim Henson a voulu arrêté la série alors qu'elle était à son meilleur, plutôt que d'étirer la sauce et de risquer de perdre l'essence de la franchise. Je suis triste, parce que ça veut dire qu'il y a eu moins d'épisodes, mais je suis aussi contente, et fière. Parce que c'est triste d'étirer la sauce. C'est comme écouter une émission que l'on aimait enfant et la découvrir sous un nouveau jour désagréable, ou comme regarder un film dont le début est parfait et dont la fin est une insulte au spectateur...

C'est dommage, d'ailleurs, puisque depuis la mort de Jim Henson, la franchise des Muppets a perdu des plumes. Les derniers films produits sont ordinaires (à part Muppet Christmas Carol).

On annonce une suite pour "The Dark Crystal" et un film des Fraggles, et je les attends avec cette même ambiguïté. Hâte, et pas hâte. Je ne veux pas être déçue...

Les grilled-cheese

Pas d'inquiétudes, je ne suis pas sur le point de vous expliquer comment faire cuire un grilled-cheese. Je veux discuter ici d'une question beaucoup plus capitale : dans quel sens doit-on couper un grilled-cheese? Horizontal? Diagonal? En combien de carrés/pointes?

Pour A., c'est en 4 carrés. Moi je suis en 4 pointes. C'en fut presque une cause de divorce!

Plus sérieusement, il y a plein de petites choses comme ça, qu'on nous transmet et qui sont sans importance, et pourtant, on les répète inconsciemment et on ne les remarque que lorsque l'on tombe sur quelqu'un qui ne fait pas comme nous. C'est comme la façon de plier les draps lorsqu'ils sortent de la sécheuse, le côté que l'on utilise sur la pôle à serviette...

Je ne sais pas trop pourquoi je pense à ça. Par chez nous, on dit que c'est du "random acces memory". C'est comme se mettre à chanter spontanément une chanson que l'on a pas entendu depuis des lunes, ou employer une expression qui sort d'on ne sait où...

Le curcuma...

Pour ceux qui se demandent : "de kessé?", sachez d'abord qu'il s'agit d'une épice que l'on emploie beaucoup en Asie. C'est souvent ce qui donne sa couleur jaune au curry, ou à la moutarde... jaune.

En ce moment, le curcuma fait fureur. Il fait partie de ces aliments merveilleux dont il faudrait se gaver pour ne pas attraper le cancer, stimuler son cerveau, et probablement aussi ne pas perdre ses cheveux. ;)

Je n'insiste pas sur mon opinion des modes alimentaires, il suffit de dire que je me méfie des miracles et que je ne suis pas la mode...

Pourquoi, donc, est-ce que je vous parle du curcuma? Parce que j'en ai utilisé récemment, voilà pourquoi! Par souci esthétique plus que gustatif, en fait. Cette belle couleur jaune... Et puis, ça goûte quand même bon alors!

Mon A. fait des GN (jeu de rôle médiéval en grandeur nature, pour les non-initiés). Quel rapport avec le curcuma? J'y arrive. A. part donc "dans l'bois" une fin de semaine par mois pendant l'été. Moi, je n'y vais pas. J'ai bien essayé de participer à ces activités, mais ça ne me dit rien, alors plutôt que d'y aller de reculons, je n'y vais pas. Alors je passe le week-end en célibataire (moi, je dis que je suis "veuve de GN"). Ça ne me palpite pas toujours, mais bon. Ce qui me palpite, par contre, c'est de cuisiner pour A. pour sa fin de semaine. Je lui concocte toutes sortes de choses : pain d'épices, pain à la bière, rouleaux vanillés cannelle -cardamome, quelques sandwichs... Et j'en fait en abondance! "Tu n'es pas obligée de faire tout ça" qu'il me dit souvent. "Pourquoi pas? que je lui réponds. Cuisiner pour toi et tes compagnons de jeu, c'est le seul plaisir que je retire des GN alors...". Très constructif, je sais! ;)

Le curcuma? Oui, oui. J'y suis. Presque... Toujours est-il que cette année, A. a décidé de jouer le rôle d'un personnage asiatique. Vous voyez où je veux en venir? C'était l'occasion pour moi de faire des expériences culinaires pour lui concocter des petits plats agencés avec son personnage. J'ai donc fouillé dans mes livres de cuisine et me suis trouvée une recette de riz collant, pour lui faire des boules de riz (une recette de riz à sushi, en fait, mais comme je dois lui préparer des choses qui ne nécessitent qu'un refroidissement sommaire [glacière oblige!], je me voyais mal lui envoyer du poisson cru!).

C'est bien beau, les boules de riz, mais nature, ça reste un peu fade. Je les ai donc assaisonnées comme bon me semblait (quelques-unes aux graines de sésame, d'autre à la coriandre ou au garam masala). J'avais aussi vu dans mon livre quelques idées, c'est à dire d'employer du jus de betterave pour faire des boules bien roses (certains initiés y verront une certaine ironie), ou du curcuma pour en faire de jolies boules jaunes. Je me lance donc dans le curcuma. Mais bon, vous me connaissez, je peux parfois tomber dans l'excès (comme dans la longueur des entrées de ce blog!).

Au printemps, je me suis acheté une boîte pleine d'épices indienne à la boutique "Olives et Épices" du Marché Jean-Talon (on pourra peut-être vous raconter mes manies de groupie...). Il y a de tout, et ce, dans l'état le plus brut possible. La cardamome est dans son enveloppe verte, la coriandre en graines entières, le gingembre en morceaux séchés... et le curcuma en moreaux de racines déshydratées. En générale, j'aime ça. C'est véritablement un plaisir que de moudre les épices dans un mortier, dans sentir les parfums qui se relâchent, de travailler la texture jusqu'à la consistance que l'on désire... Mais le curcuma...

Premièrement, il faut voir le machin : un morceau brunâtre et difforme, peu inspirant, et dur comme de la pierre. D'abord, je ne voulais pas utiliser tout ce que j'avais. C'était la première fois que j'en employais, et je voulais qu'il m'en reste pour une prochaine fois. Juste diviser cette première racine fut tout une expérience.

Je tente d'abord de la casser "à bras" (ou plutôt "à doigts"), pour constater que c'était impossible. Dur comme de la pierre, je disais? C'est à peine une exagération. Et puis sa tache! En le temps de le dire, j'avais les doigts tout jaunes. Et ça ne part pas facilement. Mais bon, à ce moment-là, j'en riais encore... Devant cette absence totale de succès, je change de méthode. Je dépose la racine dans mon mortier, et je lui donne un bon coup. Succès mitigé. La racine saute dans les airs, retombe sur la table, mais au moins j'en ai détaché un éclat. Forte de cette minuscule victoire, je recommence. Après quelques nouveaux vols planés de ladite racine, je parviens enfin à la morceler. "Ouf! que je me dis. Le pire est passé". Ah... L'innocence...

Je place la quantité de curcuma dont je pense avoir besoin dans mon mortier et je range le reste. Avec mon pilon, je presse doucement sur les éclats de racine dans l'espoir de les réduire en morceaux plus petits. Niet, nada, rien! J'y mets un peu plus de force, puis encore un peu plus, mais ça ne bouge pas. Bon. Je donne un bon coup, ce qui ne fait qu'éjecter les éclats qui s'en vont valser sur le plancher. J'emprunte la litanie employée généralement par mon père. Ça fait du bien. J'attrape les morceaux, les frotte un peu, les remets dans le mortier, et je recommence. Après maintes tentatives (et maintes fouilles archéologiques pour retracer mes éclats), j'arrive à un résultat grossier, mais satisfaisant. "C't'assez!" je m'écris en émulant à nouveau le paternel (il a d'ailleurs lui-même proposé de faire de cette phrase son épitaphe). Je mélange le curcuma au riz, et j'obtiens effectivement une superbe couleur jaune. Le goût n'est pas mal non plus. Ouf... A. a aimé aussi. Encore mieux.

Faut par contre voir le fond de mon mortier, tout jaune. J'ai eu beau le frotter plusieurs fois, il n'en est pas encore revenu.

Ma conclusion : moudre ses épices est un plaisir dont il ne faut pas se priver, mais pour le curcuma, ACHETEZ-LE MOULU! ;)